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L'affaire Levana
L'affaire Levana
  • Du haut des plateaux calcaires jusqu'au fond des combes, la nuit comme le jour, l'hiver comme l'été je cours, roule et galope. Autour de moi, une écharpe de mots enroule son parfum et vous raconte l'affaire Levana.
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L'affaire Levana
21 avril 2008

Spirit Road

There's a long highway in your mind
The spirit road that you must find
To get you home to peace again
Where you belong my love lost friend

Il existe une petite maison à laquelle je pense souvent. Une petite cabane tout en bois, au toit de lauzes. Un mazot sis dans le plus bel endroit du monde, j'ai nommé le Val d'Hérens. Le chalet est un peu haut dans la montagne. Pour y accéder, il faut aimer marcher, car la pente est sévère et peu concilante aux mollets trop tendres.  Un fourneau, une table de bois habillée d'une nappe à carreaux rouges, une armoire dans la pénombre tout à côté du lit. La lumière entre à peine ici. Devant la porte se trouve un petit rondin de bois où l'on peut s'asseoir afin d'admirer la nuit les lumières d'Evolène ou écouter le chant de la petite source qui coule dans un abreuvoir de bois non loin de là. Dans le four extérieur, le soir venu, je cuis du pain, grille quelque viande parfois bien que je préfère à tout la viande séchée qu'on fait là-bas et qui sent le foin et les fleurs. Le plus souvent, je me lève entre quatre et cinq heures et je marche tout le jour dans ces paysages magnifiques, ces glaciers suspendus et ces sommets si proches qu'on n'a qu'à tendre la main pour en saisir toute la beauté. Un lever de soleil dans l'air froid de la nuit finissante vaut ici tous les sacrifices, le sommeil d'où il a fallu s'extraire, les muscles douloureux et le souffle qui brûle.  Je rentre au logis sur le coup de seize heures; je me lave à l'eau froide, les deux pieds dans un baquet; je mange puis j'attends que la nuit soit noire en fumant des cigarettes et en buvant un verre de Fendant. Il est alors temps pour moi de me coucher dans la belle odeur du foin qui sèche. J'entends la clarine d'une vache dans l'alpage, juste au-dessus de moi. Elle rêve très certainement qu'on l'a élue reine après un vaillant combat. Un animal crie que je ne connais pas. Il fait nuit noire, je dors...

Ce petit chalet-là me connaît depuis longtemps. Je lui rends visite tous les ans en été, profitant de la semaine "entre hommes" que s'octroient mon fils et mon père à flemmarder au bord d'une piscine dans le sud de la France. Ils me disent qu'ils vont tous les jours à la mer mais je ne les crois pas le moins du monde. Les piscines d'hôtel recèlent pour mon père des trésors cachés que mon fils ne tardera pas à partager je crois.

Ce petit chalet-là, disais-je donc, appartient à Rudy qui me laisse en profiter lorsque je le veux. Je l'ai connu lors d'une randonnée équestre il y a des années de cela. Nous avions vingt-cinq ans. Un ami de vingt ans, en quelque sorte!  Je ne me souviens plus du tout ce que j'avais en tête le jour où j'ai décidé pour la première fois une retraite dans cet endroit. A l'époque, je crois bien que je n'avais jamais été seule de ma vie plus de vingt-quatre heures. Je suis femme compliquée issue de fille compliquée et j'avais probablement perçu que me couper de mes repères me serait salutaire. Ca m'est devenu maintenant un bonheur précieux, un pas de plus vers la sagesse, l'acceptation de la dureté de la vie. Un luxe. Vivre au jour le jour, une tâche après l'autre, sans autre ambition que d'exister et jouir du moment présent. Un aboutissement.

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  Le voilà, mon petit chalet... c'est celui-là!

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Commentaires
C
super, tu remarches un peu, je suis sincèrement ravie pour toi !
V
quelle bonne nouvelle : tu remarches, même un peu ! Je suis soulagée pour toi, tant la perspective d'être immobilisée me semble insupportable. C'est que je ne dois pas être capable de rester face à face avec moi même entre 4 murs. Mais dans un chalet en plein montagne, à écouter la source et les clarines en respirant l'odeur du foin... ça oui, je pourrais... Que dis-je ? J'adorerais ! Merci de ce petit moment de rêve...
T
... il doit bien te rester quelques muscles dans les jambes ... Cà y est ... te revoilà à la verticale ... et ton cerveau refonctionne au mieux ... que des bonnes nouvelles !!! <br /> <br /> ... J'aimerais bien moi ... jouer "le Sage de la Montagne" pendant quelques jours ... Je sais faire du très bon pain ... rentrer du bois ... me ballader pendant des heures ... j'aime le Fendant ... je zappe les cigarettes (je ne fume pas) ... le bain de pieds à l'eau froide ... çà devrait aller ... Me manque plus qu'un châlet perdu au milieu de la montagne sauvage ... et un vieil ami Rudy ... <br /> <br /> ... Ces montagnes sont magnifiques !!!
L
Je remarche un peu! Je ferai des séances de kiné dès la semaine prochaine (je me demande s'il me reste quelques muscles dans les jambes...). J'espère ne plus m'esquinter de la sorte, cette fois j'ai vraiment dégusté. Bon, je crois avoir passé le plus gros et surtout, j'ai retrouvé TOUTE ma boule! Par contre, je fatigue pour un rien (nerveusement parlant). Il paraît que c'est normal;(((
C
comme d'habitude c'est très, très joliment et poétiquement raconté comme j'irais aussi y faire une retraite ds ce chalet mais pas plus de 24 h fille des villes je suis, fille des villes je resterais !<br /> J'espère que tu remontes la pente et que bientôt tu pourras à nouveau faire cette retraite qui t'apporte tant de choses !<br /> bisous
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