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L'affaire Levana
L'affaire Levana
  • Du haut des plateaux calcaires jusqu'au fond des combes, la nuit comme le jour, l'hiver comme l'été je cours, roule et galope. Autour de moi, une écharpe de mots enroule son parfum et vous raconte l'affaire Levana.
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L'affaire Levana
10 octobre 2009

Un Instant



J'aperçois, au-delà du volet entrouvert par le vent, une lune  gibbeuse presque pleine. J'attends que vienne le sommeil en écoutant les bruits de la nuit. Il est tard, ou tôt, c'est affaire de point de vue. C'est l'heure suspendue entre réel et merveilleux, l'heure où l'on a peur des vampires et autres loups-garous, l'heure où l'on a peur de soi encore bien plus que de ces derniers.

Je finis par me lever, je passe sans bruit le long de la latte qui craque, je saisis le flacon qui luit sur la commode et laisse couler une goutte le long de mes poignets;  je tourne la poignée de porcelaine en maintenant bien la porte contre le chambranle; c'est que la porte crie si on s'y prend autrement. Elle est si vieille qu'il faut la ménager. Un reflet me guide en direction de la cuisine. La lune est-là qui me regarde par le carreau de la porte. Elle a un drôle d'air, la lune, cette nuit, un air cabossé. Un vent tiède et brutal s'engouffre par moments sous la porte de bois et fait onduler la nappe.  Le sol est presque froid, l'automne approche.

Je m'assieds devant la cheminée vide.  Je joins mes pieds sur le petit banc de bois qui appartenait à mon grand-père maternel qui y appuyait ses chaussons de feutre tout en fumant sa pipe puante. Un chat s'enroule autour du pied de ma chaise. Il est plus noir que l'ombre, c'est Alainchamfort (pas de panique, c'est le nom du chat, quoique j'aimerais assez qu'Alain Chamfort s'enroule autour du pied de ma chaise...).

Et puis je sens...

Ce parfum-là est une femme.  C'est un extrait de féminité maternelle et séductrice aussi. Charnel et lumineux. Rassurant comme l'odeur d'une mère, exaltant comme la peau d'une maîtresse. C'est un cocon qui vous protège tout entière et vous révèle à la fois. Un bouquet de fleurs blanches miellées, comme je les aime, comme  trop épanouies au soleil de l'automne. Des muscs très présents soutenus de benjoin qui l'ancrent sur votre peau.

Je ne l'apprécie jamais tant que lorsqu'il fait froid. Il m'évoque des cachemires clairs et naturels, un maquillage à peine marqué mais poudré, une bouche  à la couleur sourde et forte. Un béret sur des cheveux brillants. Un oeil clair et rieur. Et puis des talons hauts. Et un rire qui s'égrène.

C'est L'Instant de Guerlain. Un de mes incontournables.

nd

 

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Commentaires
C
Ton texte sur Célina et Célestin m'a donné une irrépressible envie de venir te voir, malgré le peu de temps dont je dispose en ce moment, la pause sera juste unpeu plus longue, tant pis... tant mieux pour moi qui ait ainsi pu lire ce bijou de texte sur ton parfum... merci pour ce texte aux qualités littéraires incroyables et à la puissance d'évocation étonnante... mon amlie Brigitte sera heureuse de lire ce que tu as écrit chez moi, merci pour elle...<br /> Je t e souhaite un beau et doux NOël...
L
Merci, Margot!
M
Un instant suspendu...<br /> Loin du chaos ambiant...
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