De la douceur...
... encore et encore!
L'insatisfaite qui sommeille en moi appelle le froid, appelle l'hiver. De phantasmatiques feux de bois flambent dans ma tête et mes iris tétanisés reflètent un froid de loup.
Ahouuuuuuhhhhhhhh!!!
... descendre un fond de combe dans le brouillard de novembre,
marcher seule dans le froid d'une nuit débutante et me saoûler d'un ciel bleu de prusse et violet,
lire un conte aux enfants dans une classe noire éclairée de bougies
réchauffer mes doigts gourds contre une tasse de thé fumant
préparer ma classe au coin du feu et voir les participes passés danser dans les reflets des bûches,
être sur un cheval qui jette son feu dans l'air glacé, voir ses naseaux fumer et le laisser m'emporter
sentir l'air froid m'envahir à chaque respiration
contempler des rameaux noirs sur fond de ciel gris jusqu'à m'en étourdir
bouchonner un cheval en sueur fumant dans une odeur d'écurie
me lever dans une chambre glacée, courir à la cuisine et boire un café noir brûlant
me coucher dans un lit froid et poser mes pieds sur la brique chaude (je l'appelle Monamour)
écouter du fond de mon lit le grand silence des nuits d'hiver et entendre marcher dans le grenier...
savoir que c'est juste un grand duc qui rentre de la chasse
être réveillée brutalement par des cris de nourrissons qu'on assassine!
savoir que ce sont juste des chats qui se battent d'amour
des chaussettes, des bottes, des gants, écharpe, bonnet, pull, pantalon de velours et partir à pied, au hasard des chemins
rentrer à la nuit noire (jusqu'à présent, je suis parvenue à ne pas être abattue par un chasseur...)
voir au coin du feu mon fils et mon père me demander "Comment ça va?" et sentir une bonne odeur de soupe qui mijote...
Chaque chose a son temps, en hiver comme au printemps; mais les choses de l'hiver, ah, les choses de l'hiver...
L'étole Print O' the Wave me prend le chou. J'ai choisi l'option Cobweb Ultra 1 ply de chez Jamieson's of Shetland et des aiguilles 2mm. En noir évidemment. Je n'ai donc plus d'yeux, ni de bouts de doigts. Du fait de la finesse de la laine employée et du diamètre des aiguilles, la "stole" deviendra très certainement "scarf"; j'ai d'ailleurs déjà rallongé le panneau central - euh... les panneaux centraux puisqu'il y en a deux qui seront reliés en grafting (enfin, je l'espère...). La bordure m'inquiète: travail sur une aiguille circulaire, moi qui n'aime tricoter qu'avec mon aiguille droite fermement coincée sous l'abattis... Fait peur, ça!
De toute façon, je m'acharnerai! Reste à savoir comment je la parfumerai. J'ai bien une vague envie qui monte peu à peu. Un parfum délicat, un parfum de peau, rien de claironnant, pas de sillage intempestif! Un classique moderne, de la finesse mais de la présence. Je crois que Perles de Lalique conviendra à merveille.
Quand je l'ai essayé, j'ai arrosé généreusement. Un abord très agréable, poivré, alcoolisé, très dans mes goûts, puis rapidement, plus grand chose. J'ai reniflé désespérément, et encore, et encore. Je crois bien que je m'étais détruit le nez avec l'alcool en sentant trop vite une trop grosse quantité.
Puis, j'ai couru partout: Planète Laines, Librairie Grangier, j'ai oublié mon avant-bras gauche.
Et alors? Et alors? Et alors???
Hé hé, la perle est arrivéééée
Sans s'presser er er...
Une heure plus tard et toute la soirée, un délice, quelque chose qui n'est pas sans me rappeler les notes de fond d'Omnia, plus sec, très beau aussi. Doux mais plein de personnalité, un fond de patchouli très enrobé, très équilibré, une impression d'épices poivrées très douces. Pas de sillage. Un parfum de peau dans le style Prada ou Omnia, il y a une parenté avec ces deux-là.
Pyramide olfactive selon Saint Osmoz
tête: notes fraîches (?), rose bulgare / coeur: iris, poivre Bourbon / fond: patchouli, muscs
En parlant de Bourbon (...), je suis en train le lire "Les soixante-treize jours de Marie-Antoinette à la Conciergerie - tome 1 - La conjuration de l'Oeillet de Paul Bélaiche-Daninos. Le tome 2 - Un procès en infamie est paru le mois dernier. Pour le moment, je tente de ne pas verser dans les excès de compassion monarchique vers lesquels me conduit l'auteur. Heureusement, mes solides ancêtres révolutionnaires veillent au grain! Plus sérieusement, il s'agit là pour moi d'une lecture bizarre. Le fond et l'anecdote m'intéressent assez mais l'aspect "de cap et d'épées" me rebute tout à fait. Question de style, je crois. Bon, allez, je le reconnais, je suis dééééçue, voilà. Je ne crois pas que je lirai le tome 2. ..