Quand j'ai rencontré le Papillon...
... je me suis dit que c'était tout à fait le genre d'homme qui ne me va pas. Je lui ai confié dès l'abord que je pensais qu'il était comme moi, un coureur de jupons, enfin, de pantalons en l'occurrence. Ca l'a fait rire. Les hommes, bien souvent, pensent que l'on se vante, dans ces cas-là. Non, je ne veux pas généraliser abusivement, mais tout de même, essayez de dire à un homme que vous êtes une coureuse de pantalons. Ca le fera rire, toujours. Surtout s'il a en tête de vous mettre dans son lit.
Donc, j'ai ri aussi, j'ai montré les dents, puis je l'ai mis dans mon lit à cause de son charme fou, de son esprit brillant, de sa gentillesse, sans oublier bien sûr les yeux noirs, profonds et calmes, la voix grave et douce, les mains fines et fortes. Vous voyez ça ?
Et puis il y a eu l'après. Cet après qui m'embête toujours et que je fuis. Ce phénomène étrange qui fait que plus vous fuyez, plus l'autre s'accroche. M'aimerait-il autant s'il n'était pas le plus amoureux des deux, s'il n'avait pas tant eu à se battre pour que je l'accepte auprès de moi, parfois? Qu'il est dur de dire à quelqu'un qu'on ne veut pas de lui à temps plein! Oui, il faut qu'il m'aime beaucoup pour accepter d'être l'amoureux des fins de semaines. Lui qui a tout, par ailleurs, l'intelligence, la beauté, le charme infini, la vie facile.
Il a parfois des rechutes, insiste pour que je quitte ma campagne pour venir vivre chez lui, à Paris, ou bien envisage de s'installer chez moi à demeure. Mais ça ne dure pas. Il me dit que je ne l'aime pas assez. Je suis assez d'accord, mais qu'est-ce que ça peut faire? Je lui réponds qu'il faut prendre ce que la vie nous donne. Je l'aime à ma façon qui en vaut bien une autre.
Alors, parfois, le soir, dans mon grand lit froid, je pense que je suis en train de vivre finalement un grand amour. Une chose admirable, une parenthèse enchantée hors la vie, un moment de bonheur qui justifie tout le reste. Je pense qu'il arrivera bientôt et mon coeur se gonfle de joie. Je pense qu'il partira bientôt et je soupire du bonheur de me retrouver telle qu'en moi-même.